Le New York Times a rapporté mercredi que les États-Unis se réchauffent à l'idée d'aider l'Ukraine à frapper la Crimée, ce que l'administration Biden a évité jusqu'à présent en raison du risque de provoquer une réponse majeure du président russe Vladimir Poutine.

Citant des responsables américains anonymes, le rapport indique qu'après des mois de discussions avec des responsables ukrainiens, l'administration « commence à admettre que Kiev pourrait avoir besoin de la puissance nécessaire pour frapper le sanctuaire russe, même si une telle action augmente le risque d'escalade ».

Le président Biden s'abstient toujours d'envoyer les missiles à plus longue portée qui pourraient frapper des cibles en Crimée, comme le souhaite l'Ukraine. Mais les États-Unis discutent avec les responsables ukrainiens de la manière d'attaquer le pont terrestre menant à la Crimée que la Russie a sécurisé pour elle-même en utilisant des armes fournies par les États-Unis, telles que les systèmes de roquettes HIMARS et les véhicules de combat Bradley fournis par les États-Unis.

Pour la première fois, les États-Unis ont promis d'envoyer 50 véhicules Bradley dans le cadre d'un programme d'armement de 3 milliards de dollars annoncé au début du mois. Les Bradley pourraient potentiellement aider l'Ukraine à passer à l'offensive, et un responsable américain a déclaré que les HIMARS pourraient être utilisés pour frapper les lignes d'approvisionnement russes sortant de Crimée depuis la ligne ukrainienne de Kherson.

Un haut responsable américain a déclaré au Times que des responsables américains et ukrainiens devaient se réunir en Allemagne cette semaine pour élaborer une éventuelle offensive contre la Russie dans le sud de l'Ukraine. Mais le rapport indique que même avec l'aide militaire supplémentaire, l'administration Biden ne pense pas que l'Ukraine puisse réellement reprendre la Crimée à la Russie.

Les États-Unis estiment que la Crimée doit être menacée afin de donner à l'Ukraine un moyen de pression pour toute négociation future. Même si le risque d'escalade est extrêmement élevé, les responsables américains ont déclaré qu'il y a eu une « atténuation des craintes que le fait de cibler la Crimée pousse Poutine à utiliser une arme nucléaire tactique »  .

L'atténuation des craintes que Poutine ait recours à l'arme nucléaire semble reposer uniquement sur le fait qu'il n'en a pas utilisé jusqu'à présent. C'est ce qui ressort d'un rapport publié en décembre par le Times of London, selon lequel le Pentagone soutenait tacitement les attaques ukrainiennes à l'intérieur de la Russie parce que Poutine n'avait pas répondu aux attaques précédentes par une arme nucléaire tactique ou en attaquant le territoire de l'OTAN.

Le rapport du New York Times citait Dara Massicot, un chercheur de la RAND Corporation, qui affirmait que « la Crimée a déjà été frappée à de nombreuses reprises sans que le Kremlin ne procède à une escalade massive ». Mais l'affirmation de Massicot est fausse car la Russie a commencé à lancer des frappes de missiles sur des infrastructures ukrainiennes vitales en réponse à l'attentat au camion piégé du pont de Crimée en octobre.

Avant le bombardement du pont, la Russie ne lançait pas d'attaques à grande échelle contre les infrastructures ukrainiennes, mais aujourd'hui, ces bombardements sont devenus routiniers, et des millions d'Ukrainiens ont du mal à alimenter en électricité et à chauffer leurs maisons.

Les responsables américains admettent qu'ils ne savent pas comment Poutine réagirait si les États-Unis soutenaient les attaques ukrainiennes contre la Crimée. Poutine a déjà prévenu qu'il pourrait utiliser des armes nucléaires pour protéger « l'intégrité territoriale » de la Russie, et la doctrine militaire russe autorise l'utilisation d'armes nucléaires si le pays est confronté à une « menace existentielle ».

Source: AntiWar - Traduction par Aube Digitale